De la combinaison isothermique au manteau d’hiver: l’art de bien s’équiper pour le snowkite

Le snowkite est une discipline spectaculaire qui combine la glisse et le vent, et qui permet de vivre des sensations uniques sur la neige ou la glace. Cela dit, pour profiter pleinement de cette expérience hivernale en toute sécurité et sans perdre sa liberté de mouvement, il faut savoir bien choisir son équipement, qui diffère un peu de celui du kitesurf.  

Dans cet article, Normand McGuire, passionné et expert de snowkite, partage ses conseils pour composer l’équipement idéal. 

Quelle est la grande différence entre le snowkite et le kitesurf en termes de matériel ?

Au niveau des cerfs-volants, on peut prendre les mêmes ailes hiver et été. Cependant, le snowkite demande beaucoup moins de puissance pour avancer, car :

  1. on n’a pas à se faire soulever hors de l’eau; 
  2. la surface de neige ou de glace offre beaucoup moins de résistance au déplacement.

On utilise donc des cerfs-volants plus petits en hiver pour la même vitesse de vent. 

Le seul petit hic est qu’une surface glacée ou gelée très dure sera beaucoup plus abrasive pour le matériel. Il faudra éviter de faire glisser le cerf-volant sur la surface.

Pour ma part, j’utilise le même harnais hiver comme été. On doit cependant s’assurer qu’il soit possible d’ajuster la taille de son harnais au fait qu’en hiver, on porte un manteau tandis qu’en été, on pratique le kitesurf en maillot ou en wetsuit.

Évidemment, le froid en hiver demande de porter du linge adéquat, un casque et des lunettes de ski, des gants ou des mitaines, les bottes appropriées pour le ski ou la planche à neige, avec de bons bas. Pour les plus frileux, il y a des gants et des bottes chauffantes qui fonctionnent avec des batteries, ou simplement utiliser des sachets chauffe-mains ou chauffe-pieds.

Si la surface est glacée, il peut être judicieux de porter de l’équipement de protection pour coudes, genoux et épaules.

Et évidemment, ce que nous portons dans les pieds pour nous déplacer est complètement différent entre l’été et l’hiver. L’été, planche bidirectionnelle (twin-tip), surf, hydrofoil. En hiver, skis, planche à neige, et snowskate.

Conseils des ambassadeurs FQK: Marie Beaumont rappelle l’importance du port d’un masque coupe vent pour protéger le visage des engelures. Ainsi le visage, le nez, les joues… sont protégés du vent. C’est un essentiel de protéger sa peau du vent par temps froid afin de prévenir engelures et brulures par le froid.

Quels sont les systèmes de sécurité indispensables à vérifier avant chaque sortie sur la glace ?

Les systèmes de sécurité principaux du kite sont les largueurs de la boucle de harnais plus connue dans son terme anglais “chicken-loop” et de la laisse de sécurité dit “kite leash”côté anglophone. Les deux doivent fonctionner parfaitement bien et ne pas être gelés.

Conseils ambassadeurs FQK : Frédéric Allard et Pat Morency recommandent de s’équiper d’une vis à glace pour ceux qui pratiquent sur un lac ou une autre étendue d’eau gelée. Les vis utilisées en escalade de glace fonctionnent très bien. Elles ont deux utilités : Permettre de sonder l’épaisseur de la glace pour s’assurer que ce soit sécuritaire. Il est important de sonder différents endroits un peu partout sur la zone avant de rider ; Servir de point d’ancrage pratique pour décoller ou atterrir un kite.  

Sur les plans d’eau gelés, ne pas pratiquer à moins de 10 cm d’épaisseur de glace dite noire, celle qui est la plus dure. Toujours s’assurer de la sécurité et de l’épaisseur de la glace auprès des autorités locales.

Dans les champs, toujours s’assurer d’avoir l’autorisation de l’agriculteur concerné. Certains cultures comme le blé d’hiver, son fragiles et peuvent être abimées dans certaines circonstances.

Y a-t-il des marques ou modèles spécialement conçus pour la pratique sur neige ?

Les cerfs-volants à caissons ouverts et les cerfs-volants mono-peaux sont très bien adaptés pour l’utilisation sur la neige. Ces mêmes cerfs-volants sont beaucoup moins adaptés pour une utilisation sur l’eau, car ils sont difficiles, voire impossibles à redécoller une fois dans l’eau.

Comment s’habiller efficacement pour résister au froid sans perdre en mobilité ?

En snowkite, le vent ressenti est toujours plus fort que le vent réel. S’habiller avec du linge coupe-vent (manteau et pantalon) est primordial. Par contre, il faut faire attention de ne pas avoir trop chaud, éviter de mettre trop d’épaisseur isolante à l’intérieur du manteau. Contrairement au ski ou à la planche à neige en montagne, il n’y a pas d’étape de remonte-pente en snowkite. On est en mouvement la plupart du temps, ce qui crée beaucoup de chaleur corporelle. 

Une seule épaisseur de sous-vêtement long suffit généralement pour des températures au-dessus de -10°C. Sous cette température, il devient plus pertinent de mieux se vêtir.

As-tu des astuces pour éviter la buée, les engelures ou la fatigue liée au froid ?

Pour éviter la buée dans les lunettes, s’assurer que l’air de l’expiration de la respiration ne remonte pas dans les lunettes. Certains produits anti bué existent, mais je ne connais pas leur efficacité.

Pour contrer les engelures et la fatigue liée au froid, ne pas conserver une position statique trop longtemps, même en déplacement. Changer régulièrement de direction pour recevoir le vent d’un côté et ensuite de l’autre. Changer la hauteur du cerf-volant et l’angle du corps par rapport à la surface aide à faire travailler différents muscles. Il est important aussi de se détendre autant que possible, de ne pas toujours être tendu de haut en bas. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, ne pas oublier de respirer normalement. Parfois, lorsqu’on débute un nouveau sport qui n’est pas parfaitement maîtrisé, inconsciemment, on cesse de respirer dans des moments de plus grande nervosité. Il est important d’en prendre conscience et de respirer naturellement.

Conseils des ambassadeurs FQK: Annie Lavoie conseille de porter des gants de jogging sous les mitaines. Ainsi, quand on doit manipuler les cordes et qu’il faut enlever les grosses mitaines, les doigts ne gèlent pas.

Quels éléments de sécurité sont souvent sous-estimés par les pratiquants de snowkite?

Un bon aiguisage des carres. Des carres bien aiguisées évitent de tomber sur une surface dure et les contusions (bleus) que ces chutes peuvent occasionner.

L’hiver, les cordes de kite sont beaucoup plus difficiles à voir et sont sujettes à des coupures des autres pratiquants et aussi par soi-même causées par les carres tranchantes des skis et planches à neige. Il est fréquent que d’autres pratiquants passent sur des lignes de kite dans la zone de décollage/atterrissage. Toujours s’assurer d’être vu, que les autres pratiquants savent que vos lignes sont déployées et surveiller les alentours.

Autre point: ce n’est pas à proprement parler un élément de sécurité, mais plutôt relié au plaisir et qui est largement sous-estimé par la communauté: le fartage (cirage) des skis ou de la planche à neige, qui va de pair avec l’aiguisage des carres. D’ailleurs, l’aiguisage est la première étape de la préparation de la base. Des skis ou planches à neige sans cire sont beaucoup moins rapides.

Conseils des ambassadeurs: Annie Lavoie rappelle qu’en hiver, les cordes sont plus rigides : revérifier les nœuds deux fois et les tirer bien fort pour s’assurer que les cordes sont bien fixées.


Selon toi, est-il plus facile de débuter en snowkite ou en kitesurf ?

Je parle d’expérience personnelle et comme instructeur de kite: le snowkite est bien plus facile à maîtriser. Généralement, au bout d’une heure ou deux d’enseignement, l’élève est capable de se déplacer sur ses skis ou sa planche à neige en étant tiré par le kite.

Peux-tu raconter ta première expérience en snowkite ou une anecdote liée à l’équipement ?

Mon histoire avec les cerfs-volants commence en 1995 par l’achat d’un premier cerf-volant acrobatique. En 2001, lors d’un voyage sur la côte ouest-américaine, je suis allé dans un magasin de cerf-volant en bord de mer. Je vois, accroché au plafond, un autre type de cerf-volant, beaucoup plus gros, à caissons ouverts. On me dit que c’est un cerf-volant de traction. Le désir d’aller dans cette direction naît. La graine est semée. De retour à la maison, je fais des recherches et j’achète mon premier cerf-volant de puissance, un Flexifoil Blade 2 de 3.9m² 4 cordes à poignées.

Fort de mon expérience de pilotage de cerfs-volants acrobatiques, par une belle journée d’hiver sur de la neige fraîche, je vais dans un parc pour faire mes premiers essais. Je place le cerf-volant directement sous le vent (c’est comme ça que je suis habitué avec mes cerfs-volants acrobatiques), je déroule les cordes et tire sur les poignées pour faire décoller le cerf-volant. Le cerf-volant décolle, moi de même. J’ai fait un bond par en avant d’environ 6 mètres sans toucher au sol, et le cerf-volant retombe. Au bout de 5-10 secondes, le cerf-volant repart dans les airs, je fais un autre bond d’environ 3 mètres et le cerf-volant retombe encore une fois. À ce moment, je prie pour que le cerf-volant ne redécolle plus. Ma prière est exaucée. Je réussis à récupérer le cerf-volant, rouler les cordes et remettre le tout dans son sac.

Ce fut une belle leçon d’humilité, d’apprentissage et de respect pour la puissance du vent et des cerfs-volants.

L’art du bon équipement pour un maximum de plaisir et de sécurité

Le snowkite est une discipline à part entière, où le choix du matériel fait toute la différence entre une sortie réussie et une expérience frustrante. Adapter la taille de son aile, aiguiser ses carres, bien farter ses skis et surtout, s’habiller intelligemment pour rester au chaud sans s’alourdir, voilà les secrets d’une pratique sécuritaire et agréable.

Comme le rappelle Normand McGuire, la clé, c’est de connaître son équipement, de rester attentif à chaque détail et surtout… respecter le vent ! 

Lisez l’épopée de Normand McGuire lors du championnat international WISSA 2025 👉🏾 article de blog 

Bonne ride!

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