Traversée en kitefoil : comment assurer une expédition sécuritaire

Le 12 août 2024, quatre kitesurfeurs ont accompli un exploit remarquable : une traversée de 95 km en kitefoil entre la plage de Sandy Hook et Chéticamp, au Cap-Breton. Dominique Fournier, Xavier Fontaine, Hans-William Koenig-Soutière et Constance Koenig-Soutière ont navigué en plein océan et réussi ce défi en six heures. Nous prenons ainsi la vague afin de mettre en perspective l’aspect essentiel de la préparation autour de cet exploit.

Par Isabelle Emond

Une traversée en kitefoil, comme celle de 95 km réalisée récemment par quatre membres de la Fédération québécoise de Kite (FQK) entre Sandy Hook, aux Îles-de-la-Madeleine, et Chéticamp, au Cap-Breton, nécessitait une préparation rigoureuse et des mesures de sécurité bien planifiées.

Une préparation réfléchie : le secret du succès

Avant d’affronter l’océan, les kitefoilers Dominique Fournier, Constance Koenig-Soutière, Hans-William Koenig-Soutière et Xavier Fontaine ont d’abord testé leurs capacités avec une traversée plus courte de 17 km aller-retour vers l’île d’entrée. Cette étape leur a permis de confirmer que les étapes et les préparatifs nécessitaient des ajustements importants pour tenter un défi encore plus grand.

Dominique Fournier explique : « Hans nous a dit : ‘Aye, on va à Chéticamp, on le fait.’ L’excitation était là, mais on savait qu’un ‘Eille, on le fait’ ne peut jamais être juste un coup de tête. Une préparation sérieuse était indispensable avant de se lancer. »

Les mesures clés pour une traversée en toute sécurité

  1. Un accompagnement maritime essentiel
    Pour cette traversée de grande envergure, la sécurité a été la priorité numéro un. L’équipe a sollicité le capitaine d’un bateau de pêche pour les escorter tout au long de leur périple. Grâce à ce soutien crucial, les kitefoilers ont pu naviguer avec l’assurance qu’une aide était à portée de main en cas d’urgence.  Les membres de l’équipage restaient en communication constante via des walkie-talkies, une ligne “Inreach” ce qui permettait une coordination efficace. Voici les essentiels qui ont été prévus: 
  • Un capitaine très expérimenté en haute mer (aussi assistant Cost guard)
  • Un second pilote de bateau de secours était à bord
  • De l’équipage formé (dont en premier soin)
  • Un plan entériné par la garde côtière 
  1. Un équipement de sécurité adéquat
    Chaque aventurier doit être équipé du matériel nécessaire pour affronter les conditions en mer. Lors de leur expédition, les kitefoilers portaient des wetsuits, ainsi que des gilets de sauvetage de couleur spécialement conçus pour les sports nautiques extrêmes. Une traversée en mer ne devrait jamais être tentée sans cet équipement de base, qui constitue votre première barrière contre les dangers de l’océan.
  1. Analyse précise des conditions météorologiques et maritimes
    Une étude rigoureuse des vents et des marées est indispensable avant de partir. En kitefoil, les conditions changent rapidement et un bon suivi météorologique permet de s’assurer que l’expédition se déroule dans des conditions optimales. Des outils de prévision fiables doivent être utilisés pour surveiller l’évolution des conditions en temps réel.
  2. Un plan d’urgence structuré
    Tout bon plan de traversée inclut des scénarios d’urgence pour faire face à l’inattendu. Dans le cas de cette expédition, un bateau de soutien était prévu pour suivre et assister les kitefoilers. La garde côtière avait aussi été avisée. Une équipe au sol était informée via “in reach” et avait été formée à réagir en cas de problème (les anges étaient Isabelle Emond et Samuel Fortier). Il s’agit d’un type de préparation essentiel pour garantir la sécurité de tous les participants, vu qu’ils étaient loin des côtes.
  3. Communications fiables tout au long de l’expédition
    Une traversée en mer exige une communication constante entre les membres de l’équipe et le bateau d’assistance. Des systèmes de communication, comme les radios maritimes ou les walkie-talkies, permettent à chacun de rester en contact, particulièrement dans des conditions de faible visibilité ou de mauvais temps :
    • Particulièrement utile lorsqu’ils ont dû prendre la décision de laisser passer le traversier de la CTMA qui croisait leur chemin.
  4. Vérification complète du matériel avant de partir :
  • Inspecter minutieusement les lignes, le boudin et tout autre équipement essentiel.
  • S’assurer que tous les éléments de sécurité sont en parfait état de fonctionnement.
  1. Pratiques recommandées
  • Tester divers scénarios en situation réelle sur le terrain, pas seulement sur papier.
  • S’exercer aux procédures de récupération d’une personne inconsciente.
  • Apprendre à attacher un kite au bateau de manière sécuritaire.
  • Maîtriser les techniques pour changer de voile en mer de manière efficace.
  • Se familiariser avec les procédures d’urgence et de sauvetage en mer.
  • Vérifier et ajuster les réglages du matériel selon les conditions spécifiques. 

Le rôle de la FQK

En tant que fédération, la FQK encourage les kitefoilers à suivre les bonnes pratiques pour assurer leur sécurité lors de chaque aventure. Bien que le kitefoil offre des sensations fortes et une liberté incomparable sur l’eau, il est essentiel de ne jamais négliger les risques associés à la mer. Une préparation impeccable et une vigilance constante sont les meilleurs moyens de minimiser les impondérables et de vivre une expérience en toute sécurité.

Cette aventure est une belle démonstration de la manière dont la passion, la préparation et la sécurité peuvent se combiner pour relever des défis extraordinaires en mer. Le kitefoil, bien que technique et exigeant, offre une expérience unique et mémorable pour les amateurs de sensations fortes. Toutefois, il est crucial de se rappeler que chaque détail compte, et qu’une bonne planification est la clé d’un succès sans encombre.

Voici une liste de matériel de sécurité essentiel pour les riders :

  • Wetsuit (combinaison néoprène)
  • Veste de flottaison (éviter les vestes d’impact)
  • Walkie-talkies (pour la communication en mer)
  • Couteau adéquat pour couper les lignes (voir photo pour le modèle recommandé)
  • Sac d’eau (hydratation) pour les riders
  • Petite collation pour les riders sur l’eau
  • Casque de sécurité de couleur vive (pour une meilleure visibilité en mer car entre les vagues, il est facile de perdre de vue une personne dans l’eau).

Sur le bateau 

  • Habit d’immersion (un par personne, pour la sécurité)
  • Gilets de sauvetage supplémentaires (en cas de besoin pour des passagers ou des membres de l’équipage)
  • Signal de détresse (comme une fusée éclairante ou un sifflet)
  • Trousse de premiers secours (incluant des bandages, antiseptiques, et autres fournitures de base)
  • Lampe étanche (pour les interventions nocturnes ou en conditions de faible luminosité)
  • Kit de réparation de matériel (incluant des outils et des pièces de rechange essentielles)
  • Balise GPS
  • Système AIS
  • Dingy
  • Radeau de sauvetage
  • InReach
  • Jumelle
  • Planche dorsal 
  • Bouée de surface dérivante
  • De la corde
  • Boué de sauvetage
  • Médicaments

L’équipe complète et leur expérience

Depuis plusieurs années, plusieurs membres de l’équipe participent à des sorties, développant ainsi une solide expertise. Leurs plans d’évacuation respectaient déjà les standards de l’AEQ. La majorité d’entre eux sont instructeurs de kite, dont certains certifiés IKO, et plusieurs travaillent en haute mer, à l’aise avec les cordages et les conditions maritimes difficiles.  Leur expérience inclut l’encadrement de sorties guidées en downwind et une gestion rigoureuse de la sécurité en mer, renforcée par des formations en secourisme.

  1. Dominique Fournier : Rider
  2. Constance Koenig-Soutière : Rider, instructeur de kite IKO (Formation en secourisme en région éloignée)
  3. Hans-William Koenig-Soutière: Rider, instructeur de kite IKO (Formation en secourisme en région éloignée pour guides en plein air)
  4. Xavier Fontaine : Rider, instructeur de kite IKO
  5. Martin Nadeau : Capitaine de bateau (Ancien garde-côtier auxiliaire, formation en secourisme, titulaire de la classe 4 de capitaine, expérimenté en kite)
  6. Frederic Marin : Capitaine de secours, instructeur de kite IKO  (Expérimenté en kite)
  7. Kevin Duquette : Secouriste & photographe, (Formation en secourisme en région éloignée pour guides en plein air et en mer pour le travail, expérimenté en kite)
  8. Emmanuel Paquette : Responsable de l’ambiance positive (Expérimenté en kite)
  9. Frederic Plourde : Photographe et pilote de drone (Expérimenté en kite)
  10. Isabelle Emond : Plan de secours terrestre (Ange, expérimentée en kite)
  11. Samuel L-Fortier : Plan de secours terrestre (Ange, expérimenté en kite)

DISCLAIMER Ce contenu n’est pas un guide ou une recette à suivre pour effectuer une traversée en kitefoil ou un « down wind ». Il s’agit d’un rappel des bonnes pratiques de sécurité. Toute expédition de ce genre est sous la responsabilité individuelle des participants. La Fédération Québécoise de Kite (FQK) ne cautionne ni n’encourage ce type d’activité sans que les mesures de sécurité nécessaires ne soient prises et adaptées aux conditions spécifiques. Il est impératif de se préparer de manière autonome et d’évaluer les risques avant toute entreprise de ce genre.

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